Tu veux être mon amie ?

Hello,

En cm1, j’ai emménagé dans une nouvelle ville: nouvelle maison, nouvelle école… nouvelles amies.  J’ai vécu un rêve digne de Disney. En me rendant à pied à ma nouvelle école, j’ai remarqué une autre petite fille blonde qui y allait aussi. Cette petite fille était aussi dans ma nouvelle classe. Nous étions toutes les deux “les nouvelles”. Et les nouvelles nouent plus facilement une amitié entre nouvelles, car tout est nouveau pour nous. On ne crée pas de jalousie en s’insérant dans un groupe. Nous sommes les nouvelles.

Mais le rêve de Disney ne s’est pas arrêté là. Le soir, en rentrant à la maison à pied, j’ai remarqué la même petite fille blonde, ma nouvelle amie qui rentrait quasiment au même endroit que moi. Nous étions VOISINES. De mon jardin, elle pouvait me faire coucou de sa fenêtre (ce qui est important à l’époque où s’appeler n’était pas gratuit) C’est là que notre amitié est passée au niveau particulier d’amie… à meilleure amie.

Nous nous ressemblions un peu, nous avions des passions similaires, nous étions toutes les deux fans des jumelles Ashley et Mary-Kate Olsen. Des heures de jeux, de rires puis au collège, les premières disputes, les premières déceptions, dissensions. Puis, j’ai à nouveau déménagé en 3eme. Pas très loin mais juste assez pour perdre cette relation précieuse. De meilleure à simple amie… à “amie facebook” à relation à souvenirs d’enfance que je partage sur un blog.

Ces relations amicales précieuses, j’en ai eu de très belles jusqu’à l’université. Je crois que j’ai toujours eu beaucoup de chances pour rencontrer de belles personnes. J’ai toujours réussi malgré la distance à entretenir au maximum ces relations puis… Je suis devenue adulte, j’ai énormément voyagé, bougé. 1 master par-ici, 1 stage par-là…. Puis, je ne sais pas trop comment ça s’est passé mais je me suis recroquevillée sur moi-même, sur mon couple et mon travail.

Je n’ai plus de relations amicales précieuses. Je n’ai plus de meilleures amies. J’ai quelques amies. J’ai totalement conscience de ce vide. Le COVID sur quasiment 2 ans a clairement eu un impact sur certaines relations fragiles.

Mais c’est en partie ma faute. Je laisse trainer les SMS sans réponse car “j’y répondrai plus tard”. Les jours passent, les semaines et vient la honte de ne pas avoir répondu plus tôt. Je ne saisis pas les invitations. Pourtant j’y pense. Pourtant quand je trouve le temps d’oser répondre, voire, d’enfin “aller prendre ce café ou plutôt thé dont on se parle depuis 6 mois”, une part renaît un peu. Nous avons tous des vies pleines mais pourquoi suis-je devenue incapable d’entretenir… mais aussi de créer de nouvelles amitiés ?

Après l’université, je suis rapidement devenue “créatrice de contenu” et je crois que j’ai mélangé relation de travail avec amitié. J’ai cédé ma confiance à des personnes plus intéressées qu’interessantes. Elles ne me sollicitaient pas pour un brunch mais pour une demande pro, pour passer un CV, faire une pub, avoir un produit gratuit “oh ça va t’as l’habitude non, tu en reçois plein en plus”? Attention, j’ai eu de très belles vraies amies et rencontres grâce à mon travail, n’imaginez rien non plus. Mais le résultat de ces mauvaises expériences est là. Je suis désabusée, méfiante mais aussi déçue qu’une passion (devenue en partie mon travail) ait clairsemée et gâtée mes relations ou potentielles relations.

A tel point que j’ai eu une longue période de crainte et de peur d’être jugée. Beaucoup de mes amis de Sciences Po m’ont snobée car je suis devenue “influenceuse”. Je n’ai jamais eu peur de faire des choses seule… mais l’exception est devenue la règle. Je fais quasi tout toute seule. C’est une des raisons pour laquelle j’ai adopté Pippa: la solitude SANS jugement. Lire ça peut paraitre triste alors que franchement, j’étais quelqu’un de très dépendant. A présent, j’apprécie ma propre présence, j’apprécie être seule. Peut-être que c’est ça aussi le problème ? Si je veux faire quelque chose, je le fais alors que je pourrais attendre et organiser quelque chose entre amis ? Je ne sais pas.

Pourtant, je croise et rencontre des personnes qui m’inspirent, en qui je crois pouvoir avoir confiance avec qui j’aimerais dire, comme lorsque j’ai rencontré ma voisine à 8 ans: “tu veux bien être mon amie ?” C’est si simple. C’est si compliqué. Car justement, nous avons tous des vies pleines: job, enfant, famille, mari…. cercles d’amis bien construits.

Je souris, je me crispe. Ma pratique sportive m’offre la possibilité de rencontrer justement des personnes avec les mêmes passions que moi… qui ne savent pas forcément le nombre de followers que j’ai ni mon métier. Je ne le dis plus d’ailleurs, pas par honte mais bien parce que je ne veux plus que ça gâche quelque chose, que ça change une relation ou une perception de moi. Enfin, le fait d’avoir sa vie sur les réseaux, beaucoup de personnes s’imaginent vous connaître ET tout connaître même de vous, alors que ce n’est qu’une facette.

De plus, le fait de travailler tout le temps sur les réseaux sociaux et donc d’être en conversation permanente m’épuise, même si c’est à l’écrit, même si c’est répondre à des questions, des commentaires, des emails ou des messages privés. Je réalise souvent que le soir, je veux juste lire un livre dans le SILENCE sans aucune sollicitation pour que mon cerveau se taise. Je suis devenue inapte aux relations “IN REAL LIFE” ?

Si seulement, il y avait une relation in real life car l’essai ne se transforme pas. Les discussions entre deux entrainements ne vont jamais plus loin. Pire, une “connaissance” avec qui je nage régulièrement, est venue me saluer et me parler lorsqu’on s’est croisées dans une boulangerie. J’ai mis 5min à comprendre qui c’était car… je ne l’avais pas reconnue TOUTE HABILLÉE (oui vous avez bien lu). Sans son bonnet, ses lunettes et son maillot dont je connais les couleurs sans faille, j’étais démunie mais heureusement, polie ET sociable jusqu’à ce qu’enfin sa voix me fasse TILT.

C’est une chose que je me suis dit aussi après le COVID: suis-je devenue asociale ?  Je réalise qu’en fait, j’ai encore plus peur de décevoir les gens… ou pire qu’ils me jugent et ne passent pas un bon moment avec moi.

Bon.

Vous avez un peu ri j’espère car je sais que ce récit peut sembler pathétique à l’heure des réseaux sociaux où l’on voit des vidéos de gens heureux avec plein d’amis, rire et être juste tellement bien entourés. Je suis heureuse, je ne suis pas “Seule”, j’ai un super copain, une super famille, quelques amis encore précieux mais…je ressens quand même ce vide, je n’ai plus d’amis très proches, je n’ai plus de meilleures amies, je n’ai plus d’ami du quotidien qui vient promener son chien avec ma chienne… ou aller au Pilates. Je n’ai jamais regretté être en couple jeune, cependant, à la lumière des années, je pense que ce confort d’avoir son meilleur ami dans son lit chaque soir ne nous pousse pas à entretenir et créer d’autres amitiés.

Et maintenant, je n’ai plus le mode d’emploi pour nouer de nouvelles amitiés d’adulte. C’est triste. Ça me rend triste car les semaines, les mois filent et je me demande comment je vais re apprendre tout ça.

Ne vous arrêtez pas là !

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8 réflexions sur “Tu veux être mon amie ?”

  1. Je te trouve courageuse d’avoir écrit cet article, qui n’a pas dû être évident à publier. Cela force un peu à faire son introspection et des constats, et forcément cette “mise à nu” peut être un peu désagréable. Mais je pense que tu n’es pas du tout la seule dans ce cas là. Je trouve qu’à l’âge adulte, il est quand même plus difficile de tisser des relations profondes et durables. Du copinage, oui, mais de vraies amitiés sincères, cela demande un peu plus de travail. Mais justement, l’amitié c’est du travail. Laisser les autres venir à soi, puis entretenir les relations. J’ai fait beaucoup de tri à l’âge adulte, soit parce que je ne partageais plus assez de choses en commun avec mes anciens amis, soit parce que les personnes en face n’ont pas fait l’effort de maintenir le lien. Quand on ne te répond pas (ou des semaines après) une fois, deux fois, trois fois… Eh bien il n’y a pas de quatrième fois. Donc je comprends si certains liens ont pu être distendus si (volontairement ou non d’ailleurs) tu n’as pris le temps de répondre ou de prendre des nouvelles. Maintenant, tout en comprenant totalement tous les freins et craintes provoqués par ton travail (je fais un autre métier mais cela impacte également certaines relations), je pense vraiment que beaucoup d’autres personnes sont dans ta situation et rêveraient de nouer des liens même adultes. Laisse leur leur chance 🙂 Et n’hésite pas à proposer des choses qui te feraient plaisir (thé, sortie, sport…), je pense que tu serais surprise du bon accueil que cela pourrait susciter.

  2. Ton texte est très émouvant. Ce n’est pas facile, tu l’expliques très bien. En te lisant, je ne doute absolument pas de ta capacité à entretenir et créer de nouvelles amitiés; et même, après ces années d’expérience de réseaux sociaux et de rencontres professionnelles, à faire le tri entre les gens sincères, qui ne te jugeront pas et t’aimeront telle que tu es, et ceux qui veulent profiter ou fantasment. Non, tu n’est pas devenue asociale, depuis le COVID il y a une tendance au repli sur soi…et je me reconnais quand tu dis “Si je veux faire quelque chose, je le fais alors que je pourrai attendre et organiser quelque chose entre amis ?”…parfois les amis n’ont pas les même gouts, pas le temps, sont jamais là le we ni aux vacances, ils tardent à répondre…alors le plus simple…

    Si tu veux renouer avec de bons amis d’autrefois malgré l’éloignement temps/distance, n’hésite pas à faire un pas. Tu risques quelques râteaux, mais il y aura aussi des gens heureux de renouer et qui n’osent pas te contacter parce qu’ils doutent aussi, ils ont peur que tu sois trop occupée ou que tu ne t’intéresses plus à eux à cause de tes activités. Si votre amitié s’avère intacte, vous en aurez des choses à vous raconter!

    Pour les nouvelles amitiés, parfois on est la personne qui ose envoyer le signal (ou carrément dire), “tu veux bien être mon ami(e)?” mais on se heurte à de la méfiance, parce qu’on a en face des personnes qui ont leur famille et cercle d’amis bien construits, et qui n’envisagent pas de l’étendre, ou qui ont eu affaire à des mauvaises expériences telles celles que tu décris . (Bon, parfois on se plante , on trouve l’autre sympa, mais ce n’est pas réciproque au même point, ou on se fait snober, ça nous arrivait aussi au temps du cm1! ), Comme dit Astrid ci-dessus , il faut parfois laisser une chance – mais attention personne ne sera à la hauteur de Pippa, il faudra un peu d’indulgence ;-)!

  3. Je me retrouve tellement dans tout un tas de situations.
    Watson serait heureux de jouer avec une Pippa si dynamique.
    A force d’être “utilisée” on se renferme. Et je pense aussi que d’être avec un compagnon qui assume un peu tous les rôles ne nous aide pas à aller vers les autres.
    Et puis, une fois que l’on a fini sa journée de boulot, ses tâches ménagères, fait plaisir à x ou à y, et fait notre sport, ben… il est temps de dormir et la vie s’écoule lentement.
    Et tu vois j’ai souvent aussi donné de l’importance aux gens pour qu’au final, eux ne me répondent plus malgré mes efforts. Donc à force d’être blessée, j’ai laissé tomber et je pratique aussi mes passions seule le plus souvent, mais heureuse. Avec mon chien. Pour un tas de raisons.
    Ca ne fait pas de nous de mauvaises personnes. Et avoir plein d’amis proches, des enfants etc… ne comble aucun vide. Je crois franchemet que l’on a tous quelque part un vide à combler, car la vie n’épargne hélas personne.

  4. Ton post est très émouvant…  Non, tu n’es pas devenue asociale, depuis le COVID il y a une tendance au repli sur soi… Ce n’est pas facile …mais je ne doute absolument pas que tu vas retrouver ce mode d’emploi, et trouver des personnes sincères, qui ne te jugeront pas et t’aimeront telle que tu es. Je me suis retrouvée parfois “de l’autre côté”, à offrir mon amitié à des personnes qui avaient sûrement déjà un cercle d’amis bien construits, et ne semblaient pas envisager de l’étendre dans l’immédiat. Parfois j’ai dû me tromper, on ne devait pas être fait pour s’entendre, mais comment savoir?, cela laisse une triste impression de rendez-vous manqué. Comme dit Astrid ci-dessus , il faut laisser une chance – mais attention personne ne sera à la hauteur de Pippa, il faudra un peu d’indulgence ;-)!
    Si tu aimerais renouer avec de bons amis d’autrefois malgré l’éloignement temps/distance, n’hésite pas à faire un pas, ou deux.  Tu risques quelques râteaux, mais il y aura aussi beaucoup de personnes heureuses de renouer et qui n’osent pas te contacter parce qu’elles doutent aussi, ou sont débordées (surtout s’il y ont des enfants), ou ont peur que tu sois trop occupée ou que tu ne t’intéresses plus à eux à cause de tes activités. Si votre amitié s’avère intacte, vous en aurez des choses à vous raconter!  

  5. Merci de poser des mots sur ces sentiments que je partage.
    C’est une réflexion que je fais régulièrement, que je n’ai pas d’amie avec qui partager. Et j’avoue que c’est pesant par moment, à se demander si c’est de ma faute, si c’est ma personnalité qui est en cause. Et puis, comme tu le dis, il y a le quotidien, la famille qui t’éloignent d’une certaine façon de ce cercle d’amitié. J’en viens à “jalouser” les personnes de mon âge qui arrivent à garder et entretenir ces amitiés.
    En tout cas, merci pour ton partage sincère.

  6. Bonjour Anne, merci pour ce partage touchant. Je pense qu’en temps que femme en couple, c’est un combat quotidien de maintenir des amitiés surtout si comme toi on a bourlingué dans sa vie professionnelle.
    Je te souhaite de rencontré de belles amitiés en 2024, peut-être en ouvrant de nouveaux un peu plus la porte aux autres, en discutant avec le/la maître[sse] du chien que tu croiseras avec Pipa ? ton/ta voisin[e] ? ou tout simplement en renvoyant un message à un/une ami[e] avec lequel/laquelle tu voudrais renouer contact, parfois c’est aussi simple que ça, il suffit d’essayer.
    Bon courage

    1. Bonjour Anne
      Merci pour ton partage, je m’y reconnais tellement ! C’est moins facile je pense de se faire de nouvelles amitiés quand on est adulte car cela demande un peu de fréquentation régulière… Et quand comme toi on travaille seule, ça limite ! Pas de conseils à te donner, donc mais c’est marrant car je suis sur ton blog aujourd’hui car je suis pour 2 jours à Montpellier, je me demandais où courir ce soir et je me disais “oh j’aimerais bien rencontrer Anne!”

  7. Hello Anne,
    Je ne crois pas qu’il soit réellement plus difficile de se faire de nouveaux amis en tant qu’adulte, c’est juste beaucoup plus long. J’ai des connaissances qui sont passées tout doucement au statut d’ami.e.s mais finalement cela a pris des années.
    La bonne nouvelle c’est qu’en tant qu’adulte on est généralement beaucoup plus indépendant, comme tu le décris très bien. Beaucoup moins en attente ou en urgence d’amitié que pendant l’enfance. Donc… on a le temps 😉

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