Le cas du sèche-linge qui m’a libéré.

Hello,

La division des tâches ménagères se fait de manière assez… je ne dirais pas inégale dans mon couple, mais je dirais que mon compagnon Matthieu, est resté au stade du “j’aide” et n’a pas encore évolué vers la version “je fais” à l’exception de la cuisine. Oui, c’est grâce à ses talents culinaires qu’il remporte haut la main le titre de super gendre (mais aussi de super chef, il a un talent fou). Oui il cuisine, oui il fait même les courses alimentaires… car il cuisine. Mais, quelque part en chemin ses initiatives s’arrêtent malheureusement là car vaisselle, lave-vaisselle, nettoyage du frigo, du four, de la cafetière et autres réjouissances en lien avec l’entretien de la cuisine appartiennent au niveau suivant ou à moi ou à “tu peux m’aider à faire ça…”. Ce n’est pas moi qui l’ai voulu, cela ne me rend pas heureuse, bien au contraire. J’ai essayé, j’essaie comme vous certainement de l’impliquer, de lui faire remarquer, d’éveiller son intérêt.

Oh oui vous pouvez imaginer que je ne suis pas sympa, que je ne dis pas ou n’explique pas bien les choses à Matthieu pour qu’il apprenne à les faire de son propre chef. Vous avez tout faux. La patience et la politique de l’autruche ont su bien s’installer. Sauf qu’après la patience d’espérer qu’il comprendra qu’il faut détartrer sa machine à café pour qu’elle fonctionne (que non je ne vais pas lui faire surtout que je préfère le thé), vient le stade de l’autruche où on se dit “tant pis, après lui avoir montré 5 fois et dit 8 fois, je suis prête à avoir une intoxication alimentaire car le frigo est sale et grouille de choses étranges que de  le faire moi-même pour la 101e fois”… Ahaha quel rire amer.

Le partage des tâches implique un partage éclairé, mais comment voulez-vous avoir de l’éclairage si vous avez demandé 10 fois, patienté 20 jours pour qu’il se charge de changer la fichue ampoule. Yep, vous le savez… on va le faire soi-même. Quand il va s’en apercevoir il aura le culot de vous faire remarquer “oh mais j’allais le faire”. Pourtant nous avons tous été au CP ensemble, le verbe qui se conjugue au présent est pour le PRESENT pas pour un futur antérieur d’une autre vie extraterrestre. Les cerveaux de certains hommes ont-ils été absorbé dans une faille spatiotemporelle ? Ou sommes-nous extra-humaine ?

Lorsque je vivais seule, j’étais hyper propre et ordonnée. Je ne dirais pas que j’étais maniaque car le mentionner devient un prétexte pour certains hommes afin d’excuser leur comportement de crasseux ignorants. “Ah quoi bon le faire, tu ne seras jamais contente car ce n’est pas comme TOI tu fais”

Pfff

Je crois qu’il y a un océan entre apprendre à faire le ménage correctement pour vivre en paix, en harmonie sans mourir intoxiquer en couple ET ne faire aucun effort volontairement jusqu’à ce que sa moitié craque et le fasse elle-même. Notons tous ensemble que j’ai écrit “moitié” et non homme, vous savez toutes pourquoi #notallmen mais suffisamment pour que des sociologues fassent des études et thèses sur la répartition inégale des tâches au sein des couples hétéro et ce, depuis des décennies.

Revenons à nos moutons (de poussières) cette incompétence armée, volontaire ou pas, est épuisante nerveusement et physiquement. Mes yeux se lèvent au ciel à m’en arracher mes lentilles. Je soupire bruyamment. Je suggère patiemment mais rien n’y fait, je dois m’y coller. Il oublie. Il fait mal.. pardon “pas comme il faudrait”. Il ne fait tout simplement pas. Il “mais tu m’as pas demandé !” ou pire il “oops on a oublié de lancer le lave-vaisselle”.

Comme Matthieu cuisine et entretient à peu près la cuisine, je, Anne, de manière égale, m’occupe d’autres tâches (tout le reste y compris la cuisine). Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui ce n’est pas les vitres, les poussières, la nourriture pour les animaux, les toilettes, le tartre, le calcaire, non aujourd’hui c’est le linge.

Matthieu sait lancer une machine à laver, il peut avoir  toujours quelques questions, quelques hésitations mais globalement la complexité des boutons et le choix des programmes ne le rebutent plus. Il a su dompter la bête après 5 années en tête à tête… Sauf qu’une fois le linge descendu depuis la salle de bain, enfourné dans la machine sans aucun tri (paix à l’âme de mes nombreux pulls en laine qui n’ont pas toléré le programme SPORT ou COTON à 60), vient l’étape de l’enfer : faire sécher ce linge.

Sortir, porter, étendre, détendre, porter, monter, ETALER sur le lit en évidence (EN PLEIN MILIEU TU PEUX PAS LE RATER), ranger, ranger la chaussette orpheline.. recommencer.

Ces étapes sont compliquées et extrêmement chronophages. En été, le soleil sèche plus vite mes machines que je ne les range. En hiver, c’est une tannée, l’étendoir fait partie de la déco et ça ne vend vraiment pas du rêve, même à Damidot.

Un jour en novembre (ou plutôt une nuit), j’ai eu l’impression de ne faire QUE ça de mes journées: le linge me sortait par les yeux.  Après une semaine à chronométrer le temps passé à étendre, détendre et ranger, ma décision a été prise et sans appel. Tant pis pour l’écologie, j’allais investir dans un sèche-linge.

Au lieu de me battre une nouvelle fois avec Matthieu sur comment bien accrocher le linge (oui il y a une technique!), comment le décrocher, le ranger… tout ça assez rapidement pour ne pas qu’il pourrisse dans la machine à laver ou tombe comme un pruneau desséché de l’étendoir, ou pire reprenne l’humidité le soir car oublié parmi le nombre incalculable de tâches que je lui aurai confié (c’est faux), j’ai trouvé dans cet appareil ménager la solution capitaliste pour préserver mon couple, ma santé mentale et mon féminisme, du moins pendant 4-5mois au cours de l’année. Faut pas déconner.

Oui, pour gagner DU TEMPS, pour me LIBERER de l’espace mental et pour GAGNER cette bataille du linge, j’ai renié mes idéaux écologistes. La libération des femmes par l’électroménager, avait-il raison dans les années 60 ? J’ai cédé… sans aucun regret depuis lors. Lors c’était quand ? Il y a déjà 2- 3ans à dire vrai ! Je le reconnais, j’ai mis autant de temps à me confier sur mon péché. J’ai envoyé un texto à super maman pour avoir ces recommandations en y incluant mon (minuscule) budget.  Qui aurait cru qu’un sèche-linge coutait un dossard pour un Ironman ? Pas moi.

Après avoir croisé et comparé plein de sites Internet, Maman a trouvé THE super sèche linge à Leclerc, modèle d’expo archi soldé, contenance parfaite, classé AA, dispo immédiatement : va le chercher ce vendredi soir, il est réservé. J’ai pris Matthieu, ma carte bleue et le bon de commande dument signé par Maman pour que cette affaire ne passe pas sous le nez de mon couple. J’ai rangé notre garage pour lui offrir une place de choix à la fois ergonomique et pratique. Après avoir constaté qu’un sèche-linge ne pesait pas lourd comparé à un lave-linge, le voilà installé et prêt à fonctionner.

Et il fonctionne ! Il me fait gagner du temps et a même éveillé l’intérêt du mâle partageant ma couche par sa simplicité d’utilisation. Enfin faut pas pousser mémé dans les orties, si le sèche-linge émet un bip inconnu au moment de lancer le programme, l’appel vers le grand manitou (moi) est obligatoire. Oui il faut de temps en temps vider le filtre pour que le sèche-linge continue de fonctionner (je ne mentionne même pas la petite vidange du réservoir…) Surprenant. Un petit geste mais qui prend quelques niveaux d’apprentissage chez l’homme apparemment. Pourquoi ça ne pouvait pas être plus simple ?

Financièrement, je m’y suis largement retrouvée en terme de gain de temps. Amoureusement, j’ai libéré de l’espace mental pour en perdre à nouveau ailleurs. Je ne dirais pas que ce sèche-linge a sauvé mon couple, je dirai simplement que j’ai gagné une bataille sans m’opposer au monstre masculin qui veut toujours bien faire mais sans faire ou juste aider ou.. Bref.

Merci cher sèche-linge.

PS: ce texte est à prendre au 2nd degré bien sûr 😉