Compte-Rendu: La Saintelyon Solo, 81km de pluie et de boue

Hi,

J’espère que vous allez bien ? Je suis contente de vous retrouver aujourd’hui pour vous partager enfin mon compte-rendu de la Saintelyon, format long, solo en bref 81km entre Saint-Etienne et Lyon mais surtout dans la boue, au beau milieu de la nuit et sous la pluie.

Comme pour un chèque, je vais l’écrire en lettre : quatre-vingt un kilomètres. Pas de centimes heureusement. A dire vrai, l’an dernier, après avoir couru la Saintelyon en relais (souvenez-vous), j’avais précisé à la fin de mon compte-rendu que, jamais, je ne courais l’entièreté du parcours. Bon. Je vous le dis souvent en plus : ne jamais dire jamais.

Et voilà, j’ai pris mon dossard après le trail de l’OCC cet été (à retrouver ici) en me disant « pourquoi pas ». Cependant, j’ai longuement hésité. J’ai hâte de vous publier mon bilan de l’année car celle-ci a été bien chargée. J’ai particulièrement repoussé mes limites et ai abordé de nouveaux challenges sur des distances que je ne pensais jamais courir, que ce soit en trail ou en triathlon (mon Ironman à Barcelone >>) C’est pourquoi, je craignais ne plus avoir l’envie de m’entrainer ou d’être tout simplement fatiguée. Vous le savez, je m’écoute beaucoup à présent. Pour moi l’hiver rime avec un rythme plus ralenti, plus de yoga, plus de natation mais moins de sorties vélo, ou course à pied si longues. J’aime cette saison pour cela justement. Ce temps ralenti.

Mais avec la Saintelyon debut décembre, cela signifiait de ralentir mais un peu plus tard. Cependant, je crois que 2018 était l’année parfaite pour m’aligner sur ce trail-running de 81km car justement, j’ai pu cumuler beaucoup d’entrainement, un certain niveau et une capacité à supporter une lourde charge, des efforts longs (+ de 10h !). Hors, en 2019, le programme sportif sera organisé de manière un peu différente. Résultat, après la phase de récupération de l’Ironman, j’ai re enclenché pour la Saintelyon.

Ici, je ne vais pas parler de mon entrainement, je vous prépare une FAQ à ce sujet mais vous vous doutez, le départ de cette course a lieu à 23h30 et se déroule uniquement de nuit, j’ai donc dû beaucoup courir à la frontale pour bien m’habituer à ce paramètre ;). Cela dit, c’est bien le fait de courir de nuit qui rend l’événement si unique et magique. C’est bien pour ça qu’après la neige, le froid, le vent de l’an dernier, je suis revenue.

Sachez, qu’il existe différents formats de la Saintelyon, vous n’êtes pas obligés de faire les 81km (enfin normalement c’est plutôt 70km, mais cette année, l’organisation nous a offert un parcours allongé.. plus sympathique !) : saintesprint, saintetic, saintexpress entre 12 et 46km mais aussi le format relais comme moi l’an dernier par-ici >>

Comme à chaque fois, je vous ai proposé une version video de mon compte-rendu avec des images pendant la course, avec l’assistance, la préparation de mon camel bag. C’est intéressant et complète bien le compte-rendu que je m’apprête à vous partager ci-dessous :

Vendredi/Samedi J-1 :
Vendredi après-midi, j’attrape mon TGV direction Lyon et un weekend qui s’annonce pluvieux. La neige, le froid, la course à aller vite acheter des crampons à Decathlon, sont bien loin. Ma valise déborde de kway et de tenues de rechange. Je retrouve Matthieu à la gare qui y est déjà depuis jeudi car il travaille sur l’exposition de la Saintelyon. Nous filons au retrait du dossard quasiment vide à 20h. Je recupère la fameuse chasuble, un bonnet Odlo et pas de goodies inutiles. J’apprécie. Bon, je ne sais pas trop si je vais porter ce bonnet, mais clairement je préfère ce genre de cadeau au retrait du dossard que des magazines, des bonbons bref.

Nous filons manger dans un beau restaurant de wok et vite au lit car entre samedi et dimanche, il paraît que je vais faire une petite nuit blanche lol. Matthieu se lève tôt le lendemain, je l’entends à peine. Moi, je fais une mini grasse matinée. J’ai dormi suffisamment car je me réveille avant mon réveil. Je prépare mes sacs d’assistance dans l’ordre pour Matthieu durant la nuit comme ça il n’aura qu’à prendre le sac correspondant au ravito. Pas de crise de nerf, pas d’engueulade du genre « mais tu n’as pas pris ma barre de céréales favorite/mon kway avec le pompon rose ». Je n’aurais qu’à lui expliquer quel sac pour quel ravito en croisant les doigts pour qu’il ne se trompe ET que je n’oublie rien.

Je vérifie la météo. Bon. Il va pleuvoir toute la nuit, le vent se renforce vers 2/3h du matin MAIS la pluie ne s’invitera que plus tard finalement. Bon. Bon. Il va falloir faire avec, pas le choix.

En fin de matinée, direction le salon de la Saintelyon pour un petit coucou, vérifiez mes lampes puis nous allons faire quelques photos à Confluence avant d’y dejeuner. C’est plein de monde. On ne traine pas car mon programme de l’après-midi est chargé : SIESTE… SIESTE… et SIESTE 😉

Je parviens à dormir quasiment 2h30. Je me réveille et le soleil se couche (oui oui le soleil est venu nous narguer !) Il est temps de préparer mon camel bag avec le matériel obligatoire sur ce genre de distance. À midi, je suis allée acheter des sacs poubelles et des sacs congélations. Mon camel bag est water-resistant mais je n’ose pas imaginer son état après plusieurs heures sous la pluie. Je préfère isoler chaque matériel dans un sac congélation : ma nutrition, ma frontale de rechange, mon matériel de rechange, l’obligatoire, toutes ces petites choses. J’en prévois un pour mon téléphone d’ailleurs.

Je glisse des sacs poubelles dans ceux que j’avais préparé pour mon assistance car je n’ose pas imaginer dans quel état j’échangerai mes vêtements sales avec ceux pour la suite de la course : plein d’eau, de boue. Je n’ai pas envie qu’ils trempent le reste.

 

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Une fois terminé, je m’attaque à ma tenue et vérifie une nouvelle fois la météo. Honnêtement, c’est plus difficile qu’il n’y paraît de s’équiper pour 81km de nuit. Il va pleuvoir, mais il ne fait pas froid. Comment se protéger de la pluie sans avoir trop chaud ? Bon je choisis un kway assez chaud, une première couche Odlo, un leggings habituelle, des chaussettes de compression et zou. Au pire, je me dis que j’aurais la possibilité de changer au premier ravito. Je n’avais prévu de changer mes vêtements qu’au 2eme ravito et à l’avant dernier.

Comme vous le voyez, contrairement au Marathon du Mont Blanc où j’avais 42km pour d_, je ne vais cumuler que 2100m de D+ sur 81km. Ce qui rend le parcours plutôt roulant. D’ailleurs, psychologiquement, je sais qu’à partir de 50km, je vais plus descendre que monter. Motivant non ?
Matthieu pourra me rejoindre à trois ravitaillements sur cinq : 19, 31 et 61km. Ce qui est plutôt suffisant et agréable d’avoir une assistance régulière sur une telle course. Je le précise, vous n’êtes pas obligés d’avoir une assistance, mais franchement OUI je vous le recommande. C’est motivant de se dire : ok je dois courir entre tel et tel ravito puis je revois mon chéri/ma pote/ma mère/le père noël peu importe. De même, hormis pour le matériel obligatoire, vous ne trimballez pas votre nutrition de 81km ni certains rechanges : chaussettes, sous-couches etc. que votre super assistant vous donnera. Pensez-y. 81km n’est pas une distance anodine. Oui il y a des zones de ravitaillements pour se réchauffer, manger mais rien ne vaut de se changer si vous le souhaitez, manger ce que vous aimez et voir un visage familier qui vous boostera.

Une fois que tout est prêt. Petit lavage de dents, crème de nuit comme si j’allais me coucher mais en réalité, je file dans la voiture avec Matthieu direction Saint-Etienne. Il est 21h30.

Samedi soir J-J…enfin NIGHT NIGHT !
Il est 22h30. Nous sommes stationnés sur le parking du Quick à savourer un thé immonde qui me réchauffe. Je mange une banane et les premières goutes d’eau tapent le pare-brise. Je ne dis rien, je n’en pense pas moins. Matthieu lui me le dit tout haut : « allez tu as affronté bien pire ». Forcément, je pense au carnage de mon half ironman d’Aix-en-Provence sous l’orage, le froid, le vent, la pluie. Oui mais, ce n’est pas parce que je sais affronter ce genre de météo que j’ai envie d’avoir ces prévisions sur toutes mes courses. Je ne vous l’ai pas dit ? Sur ma liste au Père Noël : pitié en 2019, de bonnes conditions sur mes courses !

J’enfile mon sac poubelle pour repousser le moment où je me prendrai vraiment la pluie. Nous nous dirigeons vers le hall d’Exposition de Saint-Etienne. Le départ est donné juste derrière. Sachez qu’il y a des navettes qui vous conduisent depuis Lyon sans soucis. Vous pouvez déposer votre consigne avant le départ et rester au chaud jusqu’à 23h et des poussières. Je rejoins un SAS et j’attends patiemment le décompte. Le départ se fait par vague toutes les 10min. Je pars dans celle de 00h. J’enclenche ma montre et c’est parti.

Départ Saint-Etienne – Ravito km 19 Saint-Christo-en-Jarez :
On part, il pleut. Honnêtement, comme chaque départ, je ne vois pas les premiers kilomètres défilés qui grimpent doucement pour nous faire quitter la ville de Saint-Etienne, rejoindre les hauteurs et les premiers villages. Il fait vraiment doux, je suis satisfaite de mon choix de tenue. Je retire même mes gants et mon bandeau. L’ambiance est hyper joyeuse, j’ai l’impression de partir en soirée… ok avec mon camel bag. Beaucoup de coureurs portent des guirlandes sur leur sac. C’est drôle. Je pars très doucement et n’allume finalement ma lampe qu’au bout de 7km lorsque nous nous quittons définitivement le dernier village éclairé et que nous nous enfonçons dans les sentiers humides et forcément dans la nuit noire : pas de lune, que de gros nuages.

Les petites montées passent bien et les premiers passages sur chemin également. Il pleut doucement mais jusqu’à 10-15km, je me sens au sec, chaussures y compris. Je m’arrête même en haut d’une colline pour faire des photos car derrière chaque coureur, se trouve d’un autre avec sa frontale. Cela crée une atmosphère unique, un long serpentin lumineux qui se faufile dans le noir. Les vaches que je devine avec ma lumière n’ont pas l’air hyper contentes d’être dérangées dans leur nuit.

Je ne m’attarde pas car le vent se lève et je n’ai pas si chaud que ça. Je reprends vite ma course et envoie un SMS à Matthieu pour lui dire combien de kilomètre il me reste jusqu’au ravito. À peine 5km, mais ces 5km vont être long : la météo se dégrade, mon kway n’est plus imperméable et je sens le froid m’envahir au niveau du cou, tout autour de mon camel, mon dos, mon cache-cou est trempé, mes gants aussi, mes chaussures se remplissent de boue doucement mais sûrement. Ce n’est pas encore trop dérangeant, je n’ai pas les pieds trempés mais j’ai vraiment dû mal à garder ma chaleur. C’est contraignant dans le sens où j’ai besoin de calories pour mon effort, pas pour me rechauffer !

Je parviens à envoyer un message à Matthieu lui demandant un pull, un kway au lieu de seulement ce que j’avais prévu.

J’arrive dans la zone de ravitaillement, je le trouve rapidement et on file vite dans la tente aménagée où j’ai l’impression qu’il fait 35 degrés. Elle est pleine à craquer, je croise les visages, les regards des autres coureurs que l’on devine à peine dans le noir dehors, on a l’air tous un peu surpris par les conditions mais on est tous encore motivé. Il faut car nous avons à peine faire ¼ .

Matthieu et moi trouvons un coin où je peux rapidement ajouter un pull et changer ma veste. Je lui explique que c’est dur, qu’il fait plus froid que prévu, du moins le ressenti est très froid : pluie, humidité et vent = ressenti -1000. Je préfère largement le temps de l’an dernier. Il me rassure, il me dit que dans une dizaine de kilomètre on changera tout mon équipement et que je pourrai continuer la nuit au sec. Ça me motive mais franchement, je n’ai pas très envie de quitter cette tente si chaude.
Je me ravitaille rapidement : une soupe, un thé, des clementines et je repars.

Km 19 à Sainte Catherine :
Je savais que cette portion était un peu moins technique : moins de montées au programme, des chemins « faciles ». Nous courons tous toujours groupés et j’essaie d’économiser quand je peux ma frontale qui commence à faiblir. J’ai prévu de changer à Sainte Catherine. Je porte en réalité une « pectorale » comme on dit. Je ne supporte pas bien les frontales qui me donnent des migraines voire même des migraines oculaires. 1h pas plus, alors 81km lol. Je préfère cette solution.

Il pleut très très fort et le vent s’est levé. Je vais bien physiquement et ça travaille dur dans ma tête. J’ai envie d’abandonner, j’ai très très froid, je grelotte lorsque nous sommes à découvert sur les crêtes, le vent nous tape sur le côté. J’essaie de courir à côté de grannnnnnds monsieurs pour m’abriter autant que possible (bah quoi :P) surtout, j’essaie de courir vite pour vite retourner au chaud du ravitaillement.
Je me dis que mon envie d’abandonner est franchement nulle, ok la météo n’est pas top, mais je n’ai pas à me plaindre. Je n’ai aucune douleurs physiques et je vais pouvoir repartir dans quelques kilomètres avec une tenue sèche.

J’avale ma pompote et me dépêche de rejoindre les lumières que nous devinons vers Sainte-Catherine. On arrive avec de la boue jusqu’aux mollets. Il y a beaucoup de boue mais vous savez quoi ? par rapport au 30km d’après, c’est encore plutôt en bon état. J’arrive au ravitaillement congelé par le vent. Comme l’an dernier, j’ai l’impression d’être dans un frigo ici. Matthieu me rejoint et nous filons sous la tente où il fait très chaud. Comme la précédente, elle est bondée entre les coureurs en relais qui attendent et dévisagent les coureurs qui rentrent. Oui mon coco regardent ce qu’il t’attend dehors ;).

Je me change doucement, m’en fiche du chrono : un leggings bien chaud et coupe-vent, une nouvelle sous-couche, une veste chaude et un gros kway, 2 nouveaux caches-cou, un pour maintenant et un pour plus tard, des gants de velo (bah ouais : coupe-vent, anti pluie le must). Je me ravitaille à nouveau : 2 soupes, du thé bien chaud et sucré (au passage, je ne sais pas ce qu’ils mettent dans le thé mais il m’a tenu bien éveillée et HYPER lucide toute la nuit). Il est temps de quitter Matthieu qui me motive une dernière fois. Je suis presque à la moitié, on se retrouve juste dans 30km et je ne serai plus trop loin de l’arrivée.

Il part faire un petit dodo dans la voiture et moi, j’allume ma frontale toute rechargée.

Sainte-Catherine Km32- Saint Genou – Km 46,5

Cette portion est la plus difficile, la nuit est bien avancée, il fait froid, humide, le vent souffle fort, il ne s’agit que de chemin hyper boueux et nous attaquons la grande partie du dénivelé. Heureusement, quand tu montes dans la nuit en fil indienne, tu ne prends clairement pas conscience du pourcentage et de la longueur de la montée. Tu montes point barre.

Je suis remotivée car mes vêtements sont chauds, un peu trop, mais je préfère ça car dès que nous courons sur les crêtes, hors des bois, le vent nous glace. Contrairement à la première partie de course, il y a bien moins de coureurs, nous courons en petit groupe. J’essaie de toujours rester dans un. C’est plus facile en terme de lumière et surtout de chaleur ! Je m’arrête faire un petit pipi derriere des bottes de foin. Je ne sais pas pourquoi mais je n’arrive pas à aller au WC des ravitos mais quelques kilomètres après, la pause pipi s’impose. BREF.

Je mange un peu de compote. Je n’ai pas hyper faim. Je m’hydrate un peu mais vu les trombes d’eau qu’on reçoit sur la tête, je ne suis pas desséchée. Physiquement je suis bien, c’est juste très long : montée, descente impraticable avec la boue… Je tiens le coup alors que je sais très bien que je ne verrai même pas Matthieu au ravitaillement d’après. Boue…boue..boue on rattrape les coureurs qui glissent, on ramasse ceux pour qui c’est trop tard, on rigole mais ce que je remarque soucis, c’est le silence total.

Il faut savoir que j’écoute la musique par intermittence durant les trails. Je l’ai coupée depuis le dernier ravitaillement mais je la rallume vers les 42km car c’est drôle mais j’ai cette sensation d’être totalement bourrée. Je vois le relief des chemins clairement avec ma lampe mais c’est comme si le sol dansait. J’essaie de manger pour retrouver mes esprits. J’ai le moral dans les chaussettes. C’est très très long.

Finalement, je remarque que le sol est de plus en plus clair, j’y vois mieux, je lève un peu les yeux des racines et de la boue et là… Le ciel est rose, on distingue enfin le paysage, le vrai, pas un mur noir sans étoiles. Je m’arrête faire des photos, je suis frigorifiée, trempée jusqu’aux os. Un bénévole près d’un feu (d’ailleurs merci à tous les gens venus encourager au milieu de la nuit, qui ont mis l’ambiance et allumer des feux de camps, c’était trop BON de vous croiser, se réchauffer quelques secondes avant de repartir…) nous annonce le ravitaillement à 1km. Il faut pas me le dire deux fois, on accélère tous pour rejoindre ce point-là malgré la boue encore, toujours. La vue sur la campagne est unique : les nuages sont lovés dans les champs. Heureusement que c’est joli à regarder. Je m’attarde un peu pour me remotiver. Une soupe du thé, passage aux toilettes, je rallume mon mp3 et c’est parti pour 15km jusqu’à Matthieu.

Soucieu-en-Jarrest – Km 61 – à l’arrivée
Il fait à présent jour, j’envoie un SMS à Matthieu qui s’inquiétait pour lui annoncer que je suis bien repartie du ravito et que je le retrouve au prochain. Cette portion est plus facile mais beaucoup d’autres coureurs l’ont emprunté, elle est dans un sale état. Au moins, de nuit, on ne pouvait pas vraiment se rendre compte des chemins mais là, c’est la guerre de la boue.

Je passe plus de temps à regarder le paysage que mes pieds, que je vais détremper, remplir de boue. Mais les couleurs de l’aube, de l’automne sont si belles, ça change de ce trou noir. Mon coup de fatigue est terminé. Le thé du dernier ravito m’a bien réveillé et je tiens le bon bout jusqu’à Soucieu-en-Jarrest 15km plus loin. Vous m’aviez demandé comment on peut faire pour se motiver à courir de telle distance. Personnellement, je ne me suis jamais dit, je cours 81km. Au début, je suis partie en me disant que j’allais faire 8x10km. Ça passe mieux mentalement. Puis au fil de la course, j’étais plus en mode découpage en fonction des ravitaillements. Je ne me fixais jamais pour objectif l’arrivée, uniquement le prochain ravito « puis on verra ». Au final, je ne courrais pour ma tête que 10-15-20km max 😉 !

Plus il fait clair, plus je retrouve de la motivation, je recommence à courir. Comme si je venais de faire le plein hihi. J’arrive au ravito du 61km Matthieu m’y retrouve. Je prends vraiment le temps avec lui. Je change ma sous-couche, ma veste, mes chaussettes pour de nouvelles de compression. Mes mollets fatiguent un peu contrairement à mes cuisses. Je bois la soupe, le thé. Je suis un peu plus enjouée que durant la nuit. On rigole, on croise d’autres participants, heureux d’être arrivé jusque là. Je suis fatiguée, je mange avec plaisir ce que je m’étais préparée. Je suis un peu ailleurs. Les bénévoles sont adorables dans le gymnase où ENFIN il y a bien moins de monde.

Pour moi, la course est finie, j’ai fait le plus dur. Je repars avec des chaussettes propres, la prochaine fois que je verrai Matthieu, ce sera à Lyon J !

Je repars rapidement, les portions s’annoncent plus descendante que montante, les chemins sont …soi-disant en meilleur état et nous allons faire plus de route que de boue. OUF. Je suis toujours surprise de me dire que je parviens à courir après tant d’heures dehors, d’efforts. C’est comme si la fatigue, les courbatures s’étaient mises en sourdine pour me laisser finir plus vite la course. Je fonctionne comme sur les derniers kilomètres de mon Ironman en me disant que j’ai fait le plus long, que je dois juste me laisser porter par mon souffle, regarder droit devant et kiffer ce qu’il reste à faire.

J’arrive rapidement à Chaponost au Km 69,5. Je me souviens de ce petit gymnase. Nous avions vu passer Christelle l’an dernier, j’étais tellement naze que je n’étais pas sortie l’encourager à 6h du matin. Je decide moi aussi de ne pas m’attarder. Mes jambes sont là, elles ont envie de dérouler autant que possible. J’avale un Pepsi en me disant que Chanopost c’est plus joli comme nom de village que Chaponost, puis je repars. Il me reste que 10-11km, du pipi chat par rapport à la nuit pourrie que je viens de passer.

Je pense beaucoup à mon Ironman, j’essaie de m’absenter, de laisser mes jambes courir sur le plat et les descentes. Je marche vite dans les montées. Je ne pense qu’à l’arrivée sans oublier tout de même de kiffer le paysage. On dit souvent que els derniers kilomètres de la Saintelyon sont très urbains, très moches. Personnellement, je n’ai vu que de la boue et le pluie toute la nuit, j’ai envie de faire des bisous aux trottoirs, aux routes bien propres que je croise.

Alors les derniers 5-6km sont vraiment SADIQUES, on cumule des montées à 20-30% sur du béton qui font mal, puis des redescentes dans des petits chemins bien boueux. Mais on traverse des champs de sapins aussi, des petits villages, puis enfin la banlieue lyonnaises où les habitants nous regardent avec leur baguette, un peu éberlués. Mon cerveau est en off honnêtement mais je sens cette excitation folle, cette fierté car je l’ai fait quoi, il ne me reste plus grand chose avant l’arrivée et je m’accroche. Je cours dès que je peux, même si c’est lentement, je dévale les escaliers, je n’arrête pas de doubler, un coureur me dit même « vas-y ralenti, on n’est pas pressés » Ok pas toi, mais là moi j’aimerais arriver pour vite aller bruncher chez ma tante au chaud !

Il ne pleut plus, le temps est gris mais doux, j’ai rangé mes gants et après une dernière montée dans un parc urbain, la vue sur le musée de Confluence, le pont, AHHH il nous reste que 2-3km avant l’arrivée. J’envoie un SMS à Matthieu qui m’explique gentiment qu’il a faim lui aussi. Je fonce vers les quais, le pont, puis l’autre pont avec le tramway avant ce mini détour pour finalement rentrer dans la Hall Tony Garnier après plus de 13h de course. J’ai un peu moins de boue que prévu (merci les flaques d’eau de fin de course), on prend quelques photos avec Matthieu puis je craque un peu car franchement, je n’aurais jamais cru voir le bout de cette nuit et de ces 81km. Mais c’est quoi de la boue, de la pluie ? Quand j’avais ma fracture de fatigue, j’aurais tout donné pour y être même dans ces conditions. Alors on serre les dents et on va jusqu’à la ligne d’arrivée.

Mes mollets tétanisent un peu, mais rien de trop douloureux. Je me traine pour récupérer mon t-shirt de finisher, ma médaille et doucement, on quitte la hall après quelques coucous et des bises à quelques uns d’entre vous. Matthieu file récupérer la voiture et j’attends assise sur un poteau AVEC mes jambes en poteau. Je suis fatiguée mais, ça va.

Je portais:

J’ai couru la Saintelyon ! Les conditions étaient horribles mais la question que vous m’avez beaucoup posé, comment fait-on pour prendre du plaisir alors justement la météo est catastrophique ? Je n’ai clairement pas pris du plaisir de 0 à 81km, il y a eu des portions où j’étais bien, je trouvais le parcours cool, l’ambiance unique avec les frontales puis il y en a d’autres où j’étais énervée : trop de boue, trop de glissade (je vous ai dit que j’ai réussi à ne pas tomber ?), trop d’humidité… Mais il faut voir l’expérience de manière globale lorsque l’on participe à ce genre de course. Même avec des conditions parfaites, il y aura toujours des portions compliquées mentalement ou physiquement. Là, tout le négatif était dans la météo.

Je devais juste booster mon mental et mon physique pour apprécier cette course. De plus, on sait, lorsque l’on s’engage sur la Saintelyon qu’il fera nuit (niveau paysage bah…), que vue la période, il ne fera pas spécialement beau. Le plaisir on le trouve ailleurs : les bénévoles, quelques moments uniques (le soleil qui se lève), l’aube dans la campagne, l’ambiance des ravitos, les blagues, l’entre-aide entre coureurs. Voilà J ! Ce fût encore une course compliquée mentalement mais physiquement, ça a été, j’ai même été surprise du répondant de mes jambes après une nuit dehors à crapahuter dans la boue, sous la pluie et ça, pour moi, c’est le plus précieux car j’ai pris un plaisir fou à courir de 60-80 et remonter tous ces coureurs qui m’avaient doublée AHAHAH bref (j’ai double environ 900 coureurs d’après l’application !)

 

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Sachez aussi que cette année, il y a eu beaucoup d’abandons, jusqu’à 20% des inscrits. C’est énorme mais compréhensible, c’était vraiment difficile de gérer cette météo, d’autant plus si on rencontrait un soucis physique ou d’équipement. Il est inutile de jouer les warriors sur 81km, on risque plus de vraiment se faire mal qu’autre chose. De même, nous étions que très peu de femmes sur le parcours malheureusement L.

J’espère que ce compte-rendu vous plaira et vous donne un aperçu de mes objectifs de 2019 aussi 😉 ! J’espère aussi vous avoir donné tout de même envie de vous lancer dans la Saintelyon, c’est vraiment une course unique…. Motivé ?

@ très vite

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19 réflexions sur “Compte-Rendu: La Saintelyon Solo, 81km de pluie et de boue”

  1. Encore un compte rendu riche et vivant ! On croirait y être ☺️❄️. Premier commentaire que je poste alors que je te suis depuis lonnnngtemps! Mais voilà tu l’as fait 81km, alors je le fais aussi je poste . T’es une Warrior et bravo pour tous ce que tu nous transmets !

  2. Félicitations pour la saintelyon et pour ce super compte rendu qui nous donne l’impression d’avoir un peu été avec toi ! T’es vraiment une machine, beaucoup d’admiration

  3. Félicitations Anne !
    J’étais sur le 44km de la saintexpress et j’ai longuement hésité a partir avec les salomons sense ride aux pieds…. quel est ton ressenti par rapport à ton choix (accroche confort et amorti)
    Je ferai la saintelyon pour 2019 et je veux être sur que les sense ride tiendront la distance en terme de confort surtout, et accroche aussi
    merci d’avance et encore bravo !!

    1. Hello Cedric,
      Félicitations pour la Saintexpress
      Ecoute, moi j’ai été hyper satisfaite ! Malgré la boue, elles accrochaient vraiment bien, super confort et surtout elles m’ont gardée au sec assez longtemps et/ou évacuaient vite l’eau 😉 ! Je prévoyais tu vois de changer de paire à 60km finalement, je suis restée avec, elles avaient un super amorti et un bon dynamisme sur les portions plus routes de 60-à l’arrivée.

      1. Super et merci beaucoup pour la réponse !
        Un compte rendu de la prepa et du plan entraînement pour cette saintelyon serait top…
        Encore un grand bravo à toi

  4. Super compte rendu, écrit et vidéo! Bravo pour cette course qui même dans de bonnes conditions est sûrement un sacré morceau déjà, alors là tu finis l’année en apothéose je trouve, et c’est top de partager tout ça merci !

  5. Je me lance sur la SaintéLyon en relais avec mon Chéri, j’ai un peu d’appréhension et je ne sais pas trop comment m”équiper mais je vais aller me renseigner dans le magasin vieux campeur.
    On verra plus proche du jour J qui est le plus en forme pour faire 45 et l’ autre 31km. Mais j’ai hâte

  6. Merci beaucoup Anne pour ce compte rendu ainsi que ta vidéo YouTube qui m’ont permis de me préparer pour l’édition 76 km de cette année, en voyant tes images je ne pouvais pas imaginer que les conditions pouvaient etre pire … bah si c’est possible meme si sur le moment jai pas trop réalisé , mais le principal était de terminer cette course et cest chose faite. Encore merci

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