Hi,
C’est assez étrange de reprendre le blog, l’écriture après ce qui s’est passé. Je n’ai pas souhaité prendre la parole avant ici car je ne voulais rien écrire sur le coup de la colère ou m’exprimer maladroitement. Cet article avec ces photos était à propos de bien autre chose mais voilà…
Comme pour le 11 septembre, je me souviendrai toujours de ce que j’étais entrain de faire. C’était tout bête. J’étais au marché, mon vendeur de fruits favoris venait de m’offrir une grosse poignée de tomates en plus de tout ce que j’avais déjà acheté pour une bouchée de pain. Puis je suis allée à la boulangerie et c’est la boulangère qui me l’a appris quand j’ai plaisanté sur les bruits des girofards. Je vis dans le 20eme, ce n’est pas très loin, c’était l’itinéraire de beaucoup de voitures de Police mercredi et ça n’a plus arrêté jusqu’au milieu de l’après-midi. Je suis sortie à peine 30minutes.
J’ai toujours du mal à reprendre les choses que j’ai laissé avec légèreté, avec liberté. Cependant, il est essentiel de continuer, de montrer qu’ils n’ont pas gagner, que nous ne sommes pas terrorisés, apeurés. Au contraire, nous sommes unis et nous nous devons de continuer à vivre pour montrer à quel point ils ont tords, à quel point ils ne peuvent pas nous contrôler. Nous sommes libres, nous sommes libres de nous exprimer.
Si pour beaucoup La Marseillaise semble appropriée pour ce qu’elle symbolise en terme d’unité en France, son contenu m’apparaît décalé, triste et étrange pour exprimer mes pensées. J’ai choisi ce poème de Paul Eluard à la place :
Liberté.
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard, Au rendez-vous allemand (1945)
Jeans – Mango (similaire ici ou là)
Pull – H&M dispo (similaire ici)
T-shirt – Souvenirs (que l’on devine…)
Bottines – André (Similaire ici ou là)
N’oublions pas non plus le terme de Fraternité dans “les trois marches du perron suprême” (V.Hugo), le sens et la force du nous sont encore plus essentiel en ce moment. Soyons unis, ne nous arrêtons pas de vivre, montrons que nous sommes forts et qu’ils n’ont pas gagné. Je vous envoie toutes mes amitiés <3
à très vite
PS: pas de commentaire sur ma tenue, je pensais faire une parenthèse plus légère pour que l’on puisse souffler un peu, j’avais rédiger quelques petits trucs pour sourire mais l’envie n’est pas encore revenue… je reviens dimanche et vous souhaite un bon weekend.
22 réflexions sur “Liberté, Egalité, Fraternité #588”
J’adore ce poème de Paul Eluard ! Difficile de se remettre à nos activités quotidiennes…!
Madame Maurice
Tout ce que tu as écris est tellement vrai.. Pour la liberté, il faut se faire entendre, que ne nous sommes pas réfugiés dans l’acceptation, il faut rester soudés pour pouvoir encore mieux avancés. C’est tellement inhumain de faire de tels actes, mais cela dure depuis la nuit des temps malheureusement, l’Homme peut être tellement cruel. Petite parenthèse: J’adore ton look, t’es jolie 🙂
Très émouvant… Le poème est magnifique!
Restons debout
Ton article est très touchant Anne, vraiment très bien écrit…Et puis ce célèbre poème de Paul Eluard fait du bien à lire en ces temps difficiles…Tu as raison d’insister sur le fait que nous devons restons unis, c’est notre force pour les battre…
J’ai dû mal aussi à reprendre mon blog ces derniers jours, ça semble tellement futile vu les évènements. Alors ton poème est la bienvenue 🙂
Hello Anne très bel article le poème est très touchant et c’est un très bel hommage. Comme toi, je pense que je me souviendrai toute ma vie de ce que je faisais quand les tours sont tombées le 11.9 ou quand Charlie Hebdo a été massacré. Ca m’a rendue tellement triste, encore maintenant je suis tellement triste ! Mes partiels commençaient ce matin … eh bien ça m’a semblé bien futile de m’être angoissée autant pour des examens … Alors que des innocents sont morts au nom de la liberté !! Je n’en reviens toujours pas, je ne réalise toujours pas ce qu’il s’est passé !
Comme tu le dis, il faut bien reprendre le cours de sa vie … Ne pas se laisser aller car se serait un cadeau fait à ces fous ! Soyons unis et solidaires, pas d’amalgame, l’extrémisme ne doit jamais triompher !
Des bises à toi Anne et merci pour ce bel article
Bonjour,
C’est un très beau poème Anne, merci de l’avoir partager avec nous. Tu as raison nous devons rester unis, continuer à vivre, à rire (dans quelques jours peut-être j’y arriverai mieux). Vive la Liberté.
Bises
Merci d’avoir partagé ce poème Anne, je ne le connaissais pas. Tu as raison, continuons à rire, à sourire, à vivre…même si le coeur est lourd
C’est un très beau poème 🙂 Heureusement que l’on vit dans un pays libre !
Peut-être que des personnes vont me critiquer pour ce que je vais dire, peut-être que des gens ne comprendront pas le sens. Je sais qu’il faut vivre nos vie, qu’il faut continuer, même si un truc a changé, il faut bien se l’avouer. Ce poème est un chef d’oeuvre, une merveille, un souffle d’air, il porte en lui l’essence de la liberté et de l’espoir.
J’en arrive donc à ce que je vivre, je trouve ça très étrange que tu postes une photo d’un look entre des propos comme ceux-là. Je les trouve très juste, je trouve ça très bien que tu partages sur le sujet. J’aime ton blog, ce que tu mets, etc. Mais là, je ne comprends pas, ces photos de look. Je sais qu’il faut continuer, je crois que j’aurais juste aimer ne voir que la liberté et le ressenti dans ton article, et rien d’autre pour une fois.
Non je comprends tout à fait ton opinion. J’avais écrit un tout autre article avec ces photos à la base, et je n’ai pas pensé à l’association de mes propos et cette photo. je t’avoue avoir écrit puis publié sans bien réfléchir
Merci Anne pour ta réponse, j’avais bien lu ton p.s, mais je dois t’avouer que j’avais tout de même envie de partager mon opinion. C’est ce que j’apprécie beaucoup sur ton blog : c’est une plateforme qui nous permet d’échanger (tant sur la mode que sur les autres sujets que tu abordes) avec gentillesse et courtoisie.
très joli article avec un superbe poème
Il faut continuer à vivre à sourire, au moins pour ces journalistes et caricaturistes !
je n’oublie pas évidemment les policiers et les autres victimes d’aujourd’hui.
C’est vrai que je me souviens très bien d’où j’étais quand j’ai appris pour le 11 septembre.
Pour mercredi, j’étais dans la rue à ma pause déjeuner en train de regarder fb.
Pas facile de retourner à sa routine mais c’est pourtant la meilleure chose à faire, profiter de la vie et des siens.
Le choix du poème est tellement approprié, très bel article ! Tu as raison, beaucoup de choses sont écrites à chaud après de pareils évènements, alors que l’on devrait se rappeler : la liberté d’expression est sans limite, mais cela ne nous empêche pas de nous limiter nous-même pour écrire intelligemment !
Je ne connaissais pas ce poème, si juste face à ce que nous vivons… Merci pour ces mots, il faut continuer à vivre, retrouver un peu de légèreté, sans oublier bien sûr ce qui est passé (comment oublier de toute façon…).
C’est un très beau poème. Merci de le partager avec nous ici.
M.
C’est ce poème qui m’a servi de trame pour mes exercices de calligraphie cette semaine, tellement d’actualité… si tristement…
Je n’arrive pas à penser à autre chose depuis mercredi… Ca a été un tel choc, une telle sidération. Ces gens-là faisaient tellement de bien à la démocratie, et c’est aujourd’hui qu’on s’en rend cruellement compte… Ca a provoqué beaucoup de réflexions pour moi, de débats avec des amis sur les limites à la liberté d’expression, justement, que je défends avec ferveur (Charlie n’était pas Dieudonné, et que certains puissent dire qu’ils allaient trop loin me fait mal. Cabu, raciste ? Qui peut le croire ?). Tout ça m’a beaucoup secouée, et je crois que maintenant, je vais essayer d’acheter la presse régulièrement, pour défendre cette liberté attaquée.
Je trouve le choix de ce poème très pertinent, et effectivement, beaucoup plus que la marseillaise, qui me paraît décalée par rapport aux idées de l’équipe de Charlie, qui était probablement bien plus proche du chant des partisans.
“Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire.” Voltaire.
Coucou Anne,
tu est ravissante en bleu mint, ça te vas très bien.
J’aime beaucoup ta paire de boots André. J’en cherche des similaire en soldes mais la recherche de la boots parfaite risque d’être longue.. ^^
C’est aussi le premier poème qui m’est venu à l’esprit, un très beau poème, et d’actualité. J’espère qu’il sera appris dans les écoles et commenter surtout.
C’est un très beau poème
:-*